Les filles se rebiffent

Les HEROÏNES de THEATRE ou Les filles se rebiffent

Les 21 et 22 juin, Lety Pardalis et Philippe Robert, comédiens de la Cie L’Œil du Kraken, étaient dans nos murs pour nous interpréter des lectures de comédies d’anthologie.

Une douzaine de courtes scènes, présentées en quelques mots, ont dessiné une histoire du théâtre au féminin, une ode aux femmes par des auteurs lucides et visionnaires.

Au fil des styles, du Moyen Âge au XXe siècle, nous avons vu défiler des saynètes extraites des œuvres de Molière, Marivaux, Goldoni, Beaumarchais, Hugo, Ibsen, Tchekhov, Jarry, Guitry, Apollinaire et Beckett. Un patchwork théâtral pas si classique, des satiriques, des précurseurs qui traitent de la place de la femme dans la société.

HELMER : Oh ! c’est révoltant ! Tu peux donc manquer à tes devoirs les plus sacrés.

NORA : Que considères-tu comme mes devoirs les plus sacrés ?

HELMER : Ai-je besoin de te le dire ? Est-ce que ce ne sont pas tes devoirs envers ton mari et tes enfants ?

NORA : J’ai d’autres devoirs tout aussi sacrés.

HELMER : Mais non ! De quels devoirs pourrait-il s’agir ?

NORA : Mes devoirs envers moi-même.

HELMER : Tu es avant tout une épouse et une mère.

NORA : Je ne crois plus à cela. Je crois que je suis avant tout un être humain, au même titre que toi… ou que je dois en tout cas essayer de le devenir. Je sais bien que la plupart des gens sont d’accord avec toi, Torvald, qu’on trouve ce genre de choses dans les livres. Mais je ne peux plus me contenter de ce que disent la plupart des gens et de ce qui est écrit dans les livres. Je dois réfléchir à ces choses-là par moi-même pour essayer d’y voir plus clair.

Une maison de poupée (Et Dukkehjem), 1879,
Henrik Ibsen (dramaturge norvégien).

Des extraits de chansons "beat boxées" se sont même immiscés dans cette odyssée théâtrale ; un univers musical très étendu avec des artistes telles que Jane Birkin, Amel Bent, France Gall, Jeanne Moreau, Véronique Sanson, Clara Luciani, Angèle, Gloria Gaynor ou encore Françoise Hardy.

Léty Pardalis et Philippe Robert s’en sont donnés à cœur joie dans les changements de rôles, de voix et de registres de jeu (Farce, comédie, vaudeville, …) pour nous faire voyager au gré de l’évolution - ou pas - de la place de la femme dans la société. Ce patchwork tisse en effet des portraits de femmes libres qui luttent contre le patriarcat, le harcèlement, le mariage arrangé, le machisme et la charge mentale… À l’heure de « Me too », le spectacle fait ainsi écho, avec humour, à l’actualité et il ambitionne de rapprocher le plus large public d’un théâtre jugé intimidant.

Des lectures enlevées qui se sont poursuivies par des échanges entre comédiens et élèves autour des textes mis en scène, du métier de comédien, du théâtre en général ; échanges qui se sont révélés aussi instructifs que stimulants !

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